Message nocturne

 

Le 16 mai 1840

 

 

Dans la nuit nous passons le long de cette côte

Que j’ai quittée, il y a tant, tant d’années.

Voici là-bas la maison de la bien-aimée, où nous étions si joyeux ;

Que Dieu la protège !

 

Les rossignols encore chantent dans le jardin,

Comme jadis aux jours si beaux, si paisibles.

Quelle peut être maintenant leur plainte ?

Personne ne demandera de mes nouvelles.

 

Autrefois quand les tilleuls étaient en fleurs,

Là-bas tu me cherchais des yeux, il y a tant, tant d’années, –

Je dois passer sans m’arrêter,

Que Dieu te protège !

 

 

 

Joseph von EICHENDORFF, Dernier retour,

Orphée / La Différence, 1989.

 

Traduit de l’allemand par Philippe Giraudon.

 

 

 

 

 

 

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