Nocturne
La clarté du jour a fui.
Des cloches lointaines sonnent dans la nuit.
Ainsi, le temps n’arrête pas sa course,
Il frappe plus d’un qui voulait vivre encor’.
Où sont les joyeuses fêtes d’hier,
Le réconfort des cœurs fidèles et amis,
La bien-aimée, son doux regard ?
Où sont-ils tous ? me faut-il veiller seul ?
Le silence plane sur la terre,
Des nuages solitaires vont sur la plaine ;
Les bois, la campagne s’interrogent –
Un frisson envahit mon âme.
Mais il me reste dans ce monde
Où tout est perfidie, un cœur fidèle
Qui pleure et veille avec moi.
Ma pensée fervente monte vers lui.
Vous tous, je vous appelle : ô rossignols,
Et vous, les sources cristallines !
En chœur nous voulons louer Dieu
Jusqu’au lever du jour radieux.
Joseph von EICHENDORFF, Poèmes religieux.
Traduit de l’allemand par Albert Spaeth.
Recueilli dans Eichendorff, Poésies,
préface et traduction
par Albert Spaeth, Aubier, 1953.