Nostalgie de la Vierge Marie

 

 

Marie s’avançait au cœur du matin,

La terre brillait d’un éclat amoureux,

Et sur les hauteurs verdoyantes, pleines de joie,

Elle voyait s’étendre l’azur immense du ciel.

« Ah ! Si j’avais une robe d’épousée, brillante comme le ciel,

Deux petites ailes d’or – comme je m’élancerais ! »

 

Marie s’avançait parmi la nuit paisible,

Dans les rêves de la terre, dans la veille du ciel,

Et son cœur, tandis qu’elle marchait pensive, inquiète,

S’emplissait de la force d’or des étoiles.

« Ah ! Si j’avais cette robe d’épousée, brillante comme le ciel,

Et toute tissée d’étoiles d’or ! »

 

Marie s’avançait dans le jardin, solitaire,

Des oiseaux aux vives couleurs chantaient tendrement pour elle,

Et elle voyait les roses parsemer les gazons verdoyants,

Des roses blanches, des roses rouges, d’une beauté merveilleuse.

« Ah ! Si j’avais un enfant, blanc comme les roses,

Comme je l’aimerais jusque dans la mort ! »

 

La robe d’épousée a été tissée depuis longtemps,

Et des étoiles d’or parsèment sa sombre chevelure ;

Et dans ses bras la Vierge tient son enfant

Et l’élève au-dessus de l’agitation obscure du monde,

Et Lui resplendit de clarté, et plein de tendresse

Il nous appelle éternellement : prenez le chemin du retour !

 

 

 

Joseph von EICHENDORFF, Dernier retour,

Orphée / La Différence, 1989.

 

Traduit de l’allemand par Philippe Giraudon.

 

 

 

 

 

 

 

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