Le rêve de la Vierge Marie

 

 

La Vierge Marie cheminait dans le clair matin,

Un rayon d’amour passait sur la terre,

Et par delà les verts coteaux en fête,

Elle regardait le ciel azuré.

« Ah ! si j’avais une robe d’épousée, claire comme le ciel

Et deux petites ailes d’or, comme je m’élancerais là-haut ! »

 

La Vierge Marie cheminait dans la nuit silencieuse,

La terre était endormie, mais le ciel veillait,

Et tout en cheminant, elle songeait, elle rêvait aux étoiles

Qui emplissaient son cœur de leur splendeur dorée.

« Ah ! si j’avais une robe d’épousée, claire comme le ciel

Et parsemée d’étoiles d’or ! »

 

La Vierge Marie cheminait toute seule dans le jardin,

Mille petits oiseaux lançaient des chants charmeurs,

Et que de roses à regarder dans le vert feuillage,

Des roses blanches et rouges, des roses merveilleuses !

« Ah ! si j’avais un enfant, aussi pâle, aussi rose,

Comme je l’aimerais jusqu’à la mort ! »

 

La robe d’épousée a été tissée depuis lors,

Et la Vierge Marie, des étoiles d’or dans les noirs cheveux,

Tient dans ses bras, l’Enfant Divin qui de là-haut

Contemple la terre plongée dans le tourbillon de la nuit.

Et l’Enfant, rayonnant dans sa splendeur éternelle,

Nous appelle : « Venez à moi, ô venez à moi ! »

 

 

 

Joseph von EICHENDORFF, Poèmes religieux.

 

Traduit de l’allemand par Albert Spaeth.

 

Recueilli dans Eichendorff, Poésies,

préface et traduction

par Albert Spaeth, Aubier, 1953.

 

 

 

 

 

 

 

 

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