Les rossignols
Je voudrais savoir pourquoi ils chantent
Quand vient la nuit, si merveilleusement ;
Il n’y a pourtant personne au monde
Pour veiller avec eux.
Et les nuages voyagent au loin,
Et les campagnes sont si pâles,
Et la nuit doucement s’avance
Sur l’herbe, à travers la forêt.
La nuit, les nuages, je sais bien
Où ils s’en vont :
Derrière les hauteurs il y a un vallon
Où désormais repose ma bien-aimée.
Quand l’ermite fait sonner ses cloches,
Elle ne les entend pas ;
Tout son visage disparaît
Sous ses cheveux bouclés.
Et afin que personne ne lui fasse peur,
Le bon Dieu l’a recouverte tout entière
De clair de lune,
Et c’est là qu’elle rêve de moi.
Joseph von EICHENDORFF, Dernier retour,
Orphée / La Différence, 1989.
Traduit de l’allemand par Philippe Giraudon.