Le veilleur dans la nuit
Au cœur de la nuit le Seigneur fait sa ronde,
Infatigablement à la recherche des siens,
Mais partout il trouve fermés à double tour
Les portes et le secret des cœurs,
Et il se détourne, accablé de tristesse :
Il n’y a personne qui veuille veiller avec moi. –
Seule la forêt l’entend avec un frisson,
Et emplit toute la nuit d’un murmure fidèle.
Vers la forêt, à travers cette solitude,
J’entendais au-dessus de la vallée, des ravins,
Le son des cloches parmi les souffles paisibles,
Comme du plus lointain d’un matin. –
Je veux frapper à toutes les portes,
Dans les palais, dans les chaumières : il faut vous éveiller !
Déjà dans les feux du jour surgissent les sommets,
Éveillez-vous donc, éveillez-vous, éveillez-vous !
Joseph von EICHENDORFF, Dernier retour,
Orphée / La Différence, 1989.
Traduit de l’allemand par Philippe Giraudon.