Paysage
Le soleil finit sa carrière,
Et déjà de l’astre du soir,
La pâle et tremblante lumière
Blanchit les ruines du manoir.
Partout, sur la voûte céleste,
Les belles étoiles de Dieu
Jettent sur la vallée agreste
Leur éclat et leur jet de feu.
L’enfant sur le sein de sa mère,
S’endort et fait trêve à ses ris,
La colombe vive et légère
De l’aile couvre ses petits.
Au bruit du ruisseau qui murmure
En fuyant les gazons en fleurs,
Tout repose dans la nature
Que couvre l’ombre et la fraîcheur.
C’est l’instant où celui qui prie,
Des cieux voit venir jusqu’à lui,
Un rayon de joie infinie,
Doux espoir du céleste appui.
C’est l’instant où la terre échange
Tous ses parfums avec les cieux,
L’instant où la sainte phalange
Descend sur les terrestres lieux.
Et là, planant sur la chaumière
Où règne la paix et l’amour,
Du pauvre emporte la prière
Au sein du céleste séjour.
ELLENBERGER.
Recueilli dans Les poètes vaudois
contemporains, par A. Vulliet, 1870.