Enluminure
Marie, épandez vos cheveux :
Voici le rire des anges bleus
Voici dans vos bras Jésus qui bouge
Avec ses pieds et ses mains rouges,
Et puis encor les anges blonds
Jouant de tous leurs violons.
Or, c’est matin vert aux prairies
Et, Marie, regardez la Vie :
Comme elle est douce infiniment
Depuis les arbres, les étangs
Jusqu’aux toits loin qui ont des îles ;
Et, Marie, regardez vos villes
Heureuses comme des enfants
Avec leurs cloches proclamant
Les paix naïves d’évangile
Du haut de tous les campaniles
Dans l’aube en or aux horizons
Que saluent, Marie-des-Maisons,
Les miens des tâches coutumières
Et dévoués tout à la terre.
Mais lors, chantez, gais laboureurs
De mon pays où le meilleur
Est Flandre douce aux alouettes
Et dont les voix de joie concertent,
Et passez au loin, les vaisseaux
Sur la mer qui rit aux drapeaux,
Car Jésus tend ses mains ouvertes,
Marie, pour embrasser la fête
Que fait le ciel au prime jour
Ici de soie et de velours.
Max ELSKAMP, Enluminures,
Lacomblez, 1898.