C’est le kiosque des mille joies
C’est le kiosque des mille joies
C’est la porte des mille peines,
De ta vie dite cette fois
Comme un port perdu en toi-même ;
Ce sont des gens qui sont venus
Et des dieux qui s’en sont allés,
Des choses que tu as élues
Et d’autres que tu as touchées,
Pour les perdre ou les retrouver
Au long cours de ta destinée,
Mais loin alors – car tout s’enchaîne
Si loin des jours de ton baptême,
Et moins en vous, Jésus, Marie,
Et plus ici suivant la vie,
C’est ce que tes mains ont cueilli
Au gré de l’heure vide ou pleine,
Ce sont des propos à midi
De caravane à des fontaines,
Et puis ta chair ayant subi,
Et puis ton cœur ayant saigné,
C’est ton âme qui a suivi
Tes pieds où ils voulaient aller.
Or ce sont lors des chemins faits,
Ainsi qu’ils vont le long des routes,
Par des matins comme ils sont nés
Ou des soirs apportant leur doute,
Ce sont ainsi des chemins faits
Au jour le jour par à-peu-près,
Vers des Damas ou des Thulés,
Dont tu n’es plus jamais rentré.
Max ELSKAMP.
Recueilli dans La poésie francophone
de Belgique 1804-1884,
par Liliane Wouters et Alain Bosquet,
Éditions Traces, 1985.