Aux yeux
Et me voici vers vous, les hommes et les femmes,
Avec mes plus beaux jours pour le cœur et pour l’âme
Et la bonne parole où tous les mots qui s’aiment
Semblent des enfants blancs en robe de baptême ;
Car c’est en aujourd’hui, la belle Renaissance
Où ma douce sœur Joie et son frère Innocence
S’en sont allés cueillir, en se donnant la main,
Sous des oiseaux chantants les fleurs du romarin,
Pour fêter paix venue au jardin de jouvence,
Qu’ouvrent ici la joie et la bonne espérance.
Or, voici doux pays et lors, à mes couleurs,
La vie comme un bouquet de joies et de senteurs,
Et dimanche, les yeux, dans le très bon royaume
Des bêtes et des gens, des maisons et des chaumes,
Et tout mon peuple heureux de sages et de fous
Mais attentifs aux croix, du cœur jusqu’aux genoux ;
Or, c’est fête, les yeux, et réjouissez-vous
Ainsi que des enfants dans mes jours les plus doux,
Car c’est le temps venu après bien des prières,
Et des villes bâties, toits à toits, pierre à pierre,
De la maison promise et dont le seuil est prêt
À tous ceux de travail pour du bonheur après ;
Et c’est voiles, au loin, dès mon pays sans leurre,
Parlant à guidons bleus pour devancer d’une heure
Ma paix, haute déjà dans les meilleures âmes ;
Mais réjouissez-vous lors, les hommes et les femmes
Et, selon tout mon cœur en rêve de bonté,
Pour un prêche aujourd’hui d’amour et charité.
Max ELSKAMP, La louange de la vie.
Recueilli dans Poètes de la famille du XVIe au XIXe siècle, Casterman, s. d.