Sermon sur la montagne
Ici
La cime
Des yeux levés
Montagne étale
La multitude attend
Debout dans l’herbe
Celui
Dont la robe a le vent comme ourlet
Pour liséré les routes
Intronisé
Les pieds sur les nations
En manteau de sagesse
Jusqu’à la mer
Tel le verront les peintres
Tel mais aussi
Couvert de la poussière
Des foules qui l’ont suivi
Voici le Tout-Présent l’Anonyme
Que chacun veut à soi tout entier
Une vertu va de lui vers tout homme
Un Verbe à tout homme adressé
Une simple Parole
Parole qui sonde en nous
L’écho la nappe oubliée
Parole qui des plus secs
Se laisse boire de source
De leur cœur le ciel jaillit
Même avant qu’il aient compris
L’invisible se fait visible
Le sens clair est le sens caché
Lieu commun pour les simples
Mystère des savants
Ô seul Symbole
Limpidité
Celui-ci ne dispute pas
Ne parle ni haut ni bas
Ne fait ni bruit ni mystère
Il annonce à qui l’entend
Une évidence première
Sans bouger de l’établi
Du pupitre ou de la vigne
Sans rompre le fil du jour
Ni la tâche si banale
Qui de la vie est l’écale
Levons les yeux
Pour écouter le Maître
Levons les yeux dans nos pensées
La terre n’en est que mieux vue
Orienté non extasié
Chacun demeurant ce qu’il fut
Sent l’œuvre du Verbe en secret
Le changer en celui qu’il est
La transparence
Telle est la loi d’amour
Pierre EMMANUEL, Évangéliaire, 1961.