Les voix ailées

 

 

C’est le soir, l’airain branle aux auvents du clocher ;

Son chant grave s’envole ainsi qu’une prière,

Celle qui dit l’adieu d’un jour à la lumière,

En laissant l’espérance en nos cœurs s’épancher.

 

Sur l’horizon livide où vient de se coucher

Un soleil sans éclat, la ville en paix s’éclaire

En découpant ses toits au pied du sanctuaire

Dont la tour, en vibrant, semble se détacher.

 

Dans l’air soudain calmé par le souffle d’un rêve,

La cloche sonne et son appel pieux s’élève

Jusqu’aux remous d’un ciel au mobile décor.

 

Et je vois tournoyer en des rythmes étranges,

Caresses effleurant la flèche et son coq d’or,

Des nuages ténus comme les ailes d’anges.

 

 

 

Paul ÉRÈVE.

 

Paru dans Les poètes de la tradition en janvier 1937.

 

 

 

 

 

 

 

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