À Jeanne d’Arc
À mon ami Joseph Fabre.
Prodige de génie, héroïne sublime,
Que te fallut-il, Jeanne, en des jours de malheurs,
Pour réveiller ton roi, pour enflammer les cœurs,
Pour arracher la France au plus profond abîme ?
La foi qui remplissait ton âme magnanime,
« L’amour du nom français, le mépris du danger, »
L’âpre espoir de purger ton sol de l’étranger,
La ferme volonté de réprimer son crime.
Et, martyre, après tout tu fis bien plus encor :
Prophétesse inspirée, évoquant l’âge d’or,
Tu fis éclater haut la libre conscience ;
Tu fis appel de Rome au verdict à venir,
Et, fort de ton langage, au nom de la science,
Un Fabre a buriné ton vaillant souvenir.
A. ESCHENAUER.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.