Litanies de Maristelle

 

 

Qu’à la grand’hune un cierge s’allume, Seigneur !

Main blanche au front de l’aube, lumière plus belle

que la lune et qui fut à l’heure qu’il fallut,

Étoile de la mer, ô vierge, Maristelle,

du pavillon nocturne à toi seule, salut !

C’est toi que j’attendais au-dessus du désastre

orchestral et c’est toi qui rassures soudain

en donnant le signal d’une ascension d’astres

le veilleur éperdu qui guette le matin.

 

Muse qui n’ose plus ruser d’abord, musique

indéchiffrable à ceux qu’un son pur assourdit

aiguille d’or pointant vers d’autres amériques

sonores, fil d’aurore et que la langue ourdit ;

ton apparition prélude aux litanies

des clarines, quand les brebis marines vont

dans les golfes dormir, et du large bannies

ruminer ses embruns ; les coquillages font

ainsi le même bruit de flûtes et de cuivres.

 

Mère de la Balance et Fille du Lion

Miroir où l’albatros se regarde revivre

Porte du firmament d’où filtrent des rayons

Promesse du vrai port, phare facile à suivre,

Vendangeuse de grains d’ivoire, les talus

de nuage déjà s’affaissent devant elle.

Plus chaste que Diane et femme que Vénus

de l’arc matutinal à toi seule, salut !

Étoile de la mer, ô vierge, Maristelle.

 

 

 

Luc ESTANG.

 

Recueilli dans Notre-Dame des poètes,

anthologie réunie et présentée par Joseph Barbier

(Robert Morel éditeur, 1966).

 

 

 

 

 

 

 

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