L’hirondelle du soir
Inspiré par Lamartine,
poème pour les enfants,
chérubins de notre vie.
Au balcon du Rêve,
Près d’une fée en bleu,
De vrais joyeux lutins,
Là, avec endêve,
Allumés par le Feu
Valsent tels des Malins.
Sur la rouge crête
De la jolie Dune,
Au pied de la Mer,
Le cœur tout en fête
D’un rayon de lune
Prie un vieux Pater.
Dès l’heure nocturne,
Au chant de noirs grillons,
L’Hirondelle de Soir,
jusqu’au Lys diurne
Des jeunes Papillons,
Sème vite l’Espoir.
Au lever du Soleil,
La barque du Pêcheur,
Bercée par les vagues,
Jaillira du Sommeil
Au simple frêle Pleur
Germé de ses schlagues.
Un baiser de velours
Tresse la couronne
De merveilleux amants
En songe de beaux jours
Qu’une cloche sonne
Au nid du Firmament.
L’Armée des Archanges,
Les Ailes déployées,
Saluent les blancs Héros
De claires louanges
Aux âmes foudroyées
De chastes pianos.
Et soudain l’Angelus,
Hymne dû à Dieu,
Teinte au Paradis
Le Chant hors de l’Humus
Qui dans la Banlieu’
Embaume l’Incompris.
Quand, baissé, le Rideau
Embrunit l’Armada
L’Hirondelle de Soir
Enchaîne par l’Anneau
Le Paria sans Hoir.
Ainsi, dans la Plaine,
La Plainte du Hibou
Chasse le Vagabond
Sans la joie humaine
De l’être riche fou
À l’air de moribond.
Jean-Paul EUGÈNE.
Paru dans Moisson,
Union des jeunes écrivains, 1962.