Carême
À Madame Haydée Magnus-Level.
Les fleurs de mon pays n’habitent plus la terre,
C’est quand la nuit a bu mes yeux que je les vois.
Elles sortent des plaies du Seigneur sur la Croix,
Chacune est un péché, chacune une prière,
Et chacune un pardon ; chacune une lumière,
Auréole d’élus dont chacun une voix,
Arc-en-ciel enroulant tous les saints à la fois
Autour du Saint des Saints. Moi, pauvre moi, poussière,
Je m’offre à Vous, Seigneur, y cueille Vos pardons
Sans les avoir gagnés en leur fleur douce et rude
Et me baigne à travers l’infini de Vos dons.
– Ô mon fils, tes élans te soient une habitude,
Multiplie à mourir vers Moi tes abandons :
Jusqu’à te perdre, effluve, en Ma Béatitude.
FAGUS.
Recueilli dans Louis Chaigne,
L’anthologie de la renaissance catholique : Les poètes,
Alsatia, 1938.