Brouillard

 

 

Sur les champs attristés flotte un épais brouillard ;

Partout un crépuscule obscur et sans limite.

Aucun astre ne monte à l’horizon blafard,

Dans le sombre sentier le voyageur hésite.

 

Un silence profond dans la foule interdite ;

Dans l’ombre où tout s’estompe on plonge le regard ;

On voudrait avancer et sur place on s’agite,

Et, sans trop savoir où, chacun marche au hasard.

 

Voilà bien notre état : nous vivons dans la brume,

Toute notre énergie à douter se consume,

On cherche quelque chose et l’on ne sait pas quoi.

 

On veut la vérité, mais sous des formes grises,

On met à son drapeau des couleurs indécises ;

Hélas ! ce qui nous manque aujourd’hui, c’est la Foi.

 

 

 

A. FAYET.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1893.

 

 

 

 

 

 

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