Le chant des « Ave »
Doux Ave des Mères
Berçant les berceaux,
Ave des bergères
Gardant leurs troupeaux,
Et des filandières
Tournant leurs fuseaux,
Et des boutiquières
Entre leurs carreaux,
Et des cuisinières
Près de leurs fourneaux,
Des apothicaires
Parmi leurs bocaux,
Et des marinières
Qui voguent sur l’eau,
Et des couturières
Avec leurs ciseaux,
Et des ménagères
Portant leur fardeau,
Et des pauvres hères
Traînant tous leurs maux,
Et des laboureurs
Et des paysans,
Des navigateurs
De sur l’Océan,
Et du bûcheron
Et du forgeron.
Ave des docteurs
Et des grands savants,
Ave des seigneurs
Et des mendiants,
Ave des prélats
Et des magistrats,
Ave des artistes
Enfermant leur rêve
En syllabes brèves,
Radieux ou tristes,
Inlassable liste...
Ave des moniales
Priant sur les dalles
Avec des cœurs vierges
Brûlants comme cierges.
Ave des pécheurs,
Étrange rumeur,
Ave des malades
Souffrant et pleurant,
Ave des nomades
Qu’emporte le vent,
Ave des cités
Au cœur tourmenté,
Ave des marins,
Et des capitaines,
Habillés de laine,
Habillés d’or fin.
Ave des tempêtes
Qui calmez la mer,
Ave des conquêtes
Qui brisez le fer,
Ave des défaites
Qui fermez l’enfer,
Ave des soldats,
Ave des combats,
Ave des semailles,
Ave des batailles.
Armée invisible,
Armée invincible,
Ave qui s’en vont,
Bienfaisantes ondes,
Purifier le monde,
Apaiser le monde,
Et sauver le monde.
Andrée FELS, Le Jeu du Chapelet.
Recueilli dans Nazareth,
Poèmes choisis en l'honneur de Notre-Dame,
par André Mabille de Poncheville,
Éditions Alsatia, Paris, 1949.