Le lis de l’enfance
Lorsque tu me reviens, mon aube, ô mon enfance,
Je souris à ces jours encor clairs d’innocence
Où le jet d’un clocher sur l’intime horizon
Vers le surnaturel dirigeait ma raison,
Où des symboles saints mon œil était avide,
Où pour aller à Dieu j’avais l’âme candide.
Fier de te retrouver, belle enfance à genoux,
Si docile aux appels des temples de chez nous,
Je te vois, yeux levés vers des madones blanches,
Le cœur comme un oiseau dans les chants des dimanches ;
J’écoute ta ferveur dans la paix du saint lieu.
Avec des mots naïfs, s’égrener devant Dieu ;
Je me laisse avec toi bercer par un cantique,
Blotti dans le manteau de ma Mère mystique...
Je t’aime, ô Passé vierge, où comme un beau lis blanc
Je portais à l’autel ma croyance d’enfant,
Et quand le souvenir m’apporte ton image
Je te baise en pleurant, ô front pur du jeune âge !...
1918.
Albert FERLAND.
Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.