Prière d’un Huron
(TEXTE ET TRADUCTION)
Qvelqves vns ont souhaitté de voir vn
eschantillon de la langue huronne pour en
recognoistre l’oeconomie et leur façon de
s’énoncer : ie n’ay pu choisir rien de meilleur
qu’vn des entretiens des plus ordinaires qu’eut
auec Dieu sur la fin de ses jours loseph Chi8a-
tenh8a :
« Sa chie8endio Di8 onné ichien onentere,
8toekti ichien nonh8a onentere : isa ichien
sateienondi de ka ondechen, din de ka aron-
hiate ; isa sk8aatichiae dajon8e a8aathi.
« To ichien iotti oionhSa ichien aSaSendio
de ïa aaSahonichien, din de anonchia aaSanon-
chichien ; to ati hiotti de sa chieSendio de
skSaatichiai.
« Ondaie ati nonhSa anderakti atones d’iseri
ahaienteha. Daat anderakti sk8anno8e : onne
ichien non8a onataank8as de k’iikhon ; onne
ichien nonh8a on8endiosti, daak chie8endio
de k’iikhon. »
Le P. VIMONT.
À mes chères sœurs Ste-Albine et St-Paul de la Croix, en mission
au Grand Lac des Esclaves et à St-Albert.
Seigneur, à la bonne heure enfin je t’ai pour Dieu !
Enfin je te connais ! Tu fis ceux qui sont hommes,
Et par Toi ce ciel bleu que voilà fut fait bleu ;
Par Toi fut faite aussi la grande île où nous sommes.
Comme nous devenons maîtres des orignaux
Que nous allons, l’hiver, flécher dans les savanes,
Les maîtres des canots que nous faisons canots.
Des cabanes que nous avons faites cabanes.
Ainsi, Sewendio, Toi qu’enfin je connais,
Es-tu maître de nous hommes, tes créatures.
Et, tel tu l’es ce jour, ô Toi qui nous as faits,
Ainsi tu le seras dans les lunes futures.
Toi donc qui seul es maître et nous aimes vraiment,
Toi qui seul vois en nous hommes, comme en Toi-même,
Voilà que je te fais mon maître et grandement
Te bénis et qu’à la bonne heure enfin je t’aime !
21 juillet 1905.
Albert FERLAND, Le Canada chanté, 1908.