Jéhovah
À mon ami J. Marie-Amédée Denault.
L'Éternel seul est grand, aussi lui seul est maître !
L'univers en tremblant suit l'ombre de sa main ;
S'il veut, ce qui n'est pas, en se hâtant de naître,
Remplit son ordre souverain.
Toute force s'éclipse au seuil de sa puissance,
Et les cieux, ces reflets de sa magnificence,
Prouvent qu'avoir voulu pour lui c'est avoir fait,
Que c'est jeu de son bras que de créer un monde,
Que d'allumer au sein de la voûte profonde,
Autant de soleils qu'il lui plaît.
Il est des rois le Roi, des dieux le Dieu suprême,
Celui qui s'est fait grand pour toute éternité,
Qui voit cet univers comme un peu de lui-même,
Un point dans son immensité,
Le Seigneur que tout être et toute chose adore,
Du sud à l'aquilon, du couchant à l'aurore,
Du fond de l'infini jusqu'au bord du néant,
Le Principe éternel et le Tout immuable
Le seul Dispensateur de l'être immensurable
Qu'il épanche éternellement.
Il a formé les temps d'un seul jour de son âge ;
Il est dans le passé, le présent, l'avenir ;
Le siècle qui va naître est plein de son image,
Comme celui qui va finir.
Demain lui appartient comme l'heure présente.
Lorsqu'il apparaîtra son aurore naissante
N'annoncera qu'un jour qu'il voit dès aujourd'hui.
Dans la main du futur il met nos destinées,
Mûrit les nations aux soleils des années,
Et les fait courber devant lui.
Albert FERLAND.