Les astres dans les cieux

 

OU L’IDÉE DE LA GRANDEUR DE DIEU

 

 

C’est une belle nuit à l’aspect grandiose,

Elle efface à nos yeux tout être et toute chose,

Et, comme dans leur flux les vastes océans,

Inonde les coteaux, gravit les pics géants,

Sème au fond des lointains le vague et le mystère,

Fait trembler les contours et douter la lumière,

Dissimule, enveloppe, en harmonisant tout,

Les rivages couchés avec les monts debout.

Son ombre déployée, ainsi qu’un large voile,

Se pare à chaque instant sous un regard d’étoile,

Et, ravivant l’éther qui paraissait terni,

De soleils escortée, elle atteint l’infini.

 

C’est un spectacle auguste, imposant, formidable,

Que voir l’embrasement de l’incommensurable,

Abîme rayonnant sous le regard de Dieu !

Vaste temple d’azur sans bornes sans milieu,

Au dôme immensément déployé comme une aile,

Où la nuit accomplit sa marche solennelle,

Épanche le sommeil aux bons comme aux pervers,

Et fait taire la voix du superbe univers !

 

Oh ! la nuit Jéhovah fait briller sa puissance,

Et frappe plus les cieux de sa magnificence !

Il me semble le voir, majestueusement,

Entr’ouvrir l’infini sous ses yeux flamboyant,

Faire un geste aux soleils, ces rois de la lumière,

Dans son souffle vibrant comme un peu de poussière.

Il leur dit : « Suivez-moi. » Puis le grand Jéhovah,

Radieux, disparaît et par l’éther s’en va.

Aussitôt à sa voix, pressés, plus innombrables

Que tous les embryons, les limons et les sables

Que les fleuves, les mers, durant les siècles lourds,

Emportent dans leur lit en poursuivant leur cours,

Les astres, les soleils et les sphères ardentes

S’avancent dans l’espace en troupes éclatantes.

Jéhovah dit toujours : « Montez, montez plus haut. »

Et les mondes, tremblant dans l’ombre du Très-Haut,

Vertigineusement dévorent l’étendue,

Et, d’abîme en abîme en leur course éperdue,

Comme avides d’espace et de cieux plus profonds,

Ils enfoncent plus loin leurs brûlants escadrons,

Franchissent les confins de l’espace visible,

Gravissent ce que l’œil nomme l’imperceptible,

Et, toujours poursuivant l’ombre immense de Dieu,

Frappent de l’infini les arcades de feu,

Escaladent, ravis, les grands degrés de l’être,

Pour faire, en vieillissant, qu’un seul pas de leur Maître.

 

Mondes, vous êtes grands devant les yeux de l’homme,

Qui semble auprès de vous qu’un misérable atome,

Vous êtes cependant sous l’œil de l’Éternel

Plus petits qu’un ciron près d’un faible mortel.

Le Seigneur vous a dit : « Mes soleils et mes mondes,

Par le prolongement de ces plaines profondes,

Gravissez sous mes pas les beaux et vastes cieux,

Où je mis l’infini pour éclipser aux yeux

Les abords embrasés de mes larges royaumes ;

Gravitez dans mon souffle ainsi que des atomes. »

Dieu parla. Puis soudain les cieux se sont émus,

S’entr’ouvrir à sa voix et l’on ne le vit plus.

Cependant l’Éternel, le Dieu trois fois terrible,

N’a commencé qu’un pas derrière l’invisible.

Et vous, astres de feu, vous, mondes enflammés

Qu’un seul mot de sa voix a dans le ciel semés,

Vous l’avez moins suivi que les folles poussières

Suivent la jeune enfant dans ses courses légères !

 

 

 

Albert FERLAND.

 

 

 

 

 

 

 

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