Rêveur, un clocher gris te parle au loin

 

 

Rêveur, un clocher gris te parle au loin... Fidèle,

Sa voix court sur les champs, dit l’Heure grave et belle,

Et ramène l’esprit devant le Temps qui fuit.

Pour goûter sa leçon, loin des hommes de bruit,

Il est bon d’être seul, et plein de quiétude

S’en aller vers les bois, toucher la solitude,

C’est là que recueilli, pensif sous les cieux clairs,

Tu pourras écouter murmurer l’Univers.

Loin des indifférents au don des matins roses.

C’est là que tu seras près de l’âme des choses,

Laisse-les à leur vide, à leur vain remuement

Les ennemis du Rêve et du Recueillement.

Entrer dans le silence étreint leur cœur frivole.

Se sentir fugitifs, voir leur fin les affole.

Pour toi, penser c’est vivre. Avoir un mot d’amour

Pour la Fleur, l’Arbre et l’Eau, pour le bienfait du jour,

Saluer tout ému l’aube que Dieu nous donne.

Dire en marchant son Nom, c’est avoir l’âme bonne,

C’est être un front serein, un cœur simple, un cœur fort,

C’est sourire à la Vie en acceptant la Mort.

 

 

 

Albert FERLAND.

 

Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.

 

 

 

 

 

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