La Muse te veut seul

 

 

La Muse te veut seul au jardin du Silence,

Attends le nirvana de sa voix... Patience,

L’idée est un oiseau craintif : sans brusquerie,

Laisse-la se poser devant ta rêverie.

 

Tu ne sais pas l’instant où la Chanson va naître,

Recueille tous les bruits qui montent de ton être ;

Incline ton esprit à songer sur la route,

Regarde, admire, prête à tout ton âme, écoute....

 

Crée un art simple et fier, digne d’une âme droite,

N’épouse rien d’obscur, ni de faux, rien qui boite,

Choquer, sertir des mots n’est pas œuvre vivante,

Sors de toi comme un cri, jaillis comme une plante.

 

Fuis la facilité d’un labeur mol et lâche ;

Sois un âpre ouvrier, amoureux de sa tâche.

Vêts-toi d’humilité, l’orgueil n’a rien de rare :

Ce n’est qu’un vain manteau dont le pauvre se pare.

 

Comprends les dons divins de chanter et de croire,

Ne fais pas de ta lyre un vain hochet de gloire.

Chante ta foi, ton cœur ; chante comme l’on prie.

Que ton œuvre soit vraie et ressemble à ta vie.

 

 

 

Albert FERLAND.

 

Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.

 

 

 

 

 

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