Quiétude sous bois

 

 

Au bord d’un lent ruisseau laisser l’âme aux écoutes

Épouser la candeur d’un paisible matin,

Qui sans hâte apparente et quiet, presque humain,

Semble suivre le chant de l’onde qui glougloute....

 

C’est paresse, peut-être, et mol désœuvrement,

Mais comment refuser la plénitude chère

De cette paix des bois et de jeune lumière ?

Se priver de beauté par seul renoncement !....

 

Oui, mon âme, regarde et sois bien attentive

Au murmure d’amour de ce mince ruisseau.

Qui s’en va, doux rêveur, en fluide robe d’eau,

Baiser, comme amoureux, quelque feuille pensive.

 

Considère ce vol de bourdon bourdonnant,

Et cette mouche d’or dessus la renoncule,

Ces papillons légers dont la blancheur pullule

Et flotte sur le front des fleurs en zigzaguant.

 

Reconnais cette odeur que le sapin distille

Dans le grave silence où se fige sa nuit ;

L’air filtré par son ombre embaume comme lui,

Nous fait comme goûter à sa vie immobile.

 

Mon âme, tout élève en ce noble séjour,

Tout semble t’inviter dans le calme de l’heure

À lever ton regard vers Celui qui demeure

Et veut pour tous ces dons ta parcelle d’amour.

 

 

12 août 1920.

 

 

 

Albert FERLAND.

 

Recueilli dans Les soirées de l’École littéraire de Montréal, 1925.

 

 

 

 

 

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