Devant l’océan
Ils sont partis joyeux, ces marins intrépides.
Je vois à l’horizon, comme un point lumineux,
Leur voilure qui s’enfle et fend les vastes cieux,
Entraînant le vaisseau sur les ondes limpides. –
Où vont-ils si gaîment, ces marins intrépides ?
À leur famille en pleurs ils ont dit : « Au revoir ! »
Toi seul, tu sais, grand Dieu, si la mer inconstante
Doit les porter au loin sous la zone brûlante,
Puis les rendre au pays, ou tromper leur espoir... –
Pauvre famille, hélas ! pourrez-vous les revoir ?
Le ciel bleu leur envoie un radieux sourire ;
La brise souffle à peine et mollement se plaît
À soulever les flots mourant sur le galet ;
Dans l’immense océan un chaud soleil se mire... –
Le ciel gardera-t-il son radieux sourire ?
Qu’il est beau, cet azur de l’espace infini
Où l’oiseau prend son vol, où le regard se plonge,
Où l’âme, cherchant Dieu, se berce en un doux songe –
Qui lui fait entrevoir le royaume béni
À travers le ciel pur, dans l’espace infini !
S’il devait se voiler sous les épais nuages
Qu’amoncelle en hurlant l’ouragan furieux,
Que déchire en son cours l’éclair impérieux,
Malheur, malheur alors au vaisseau loin des plages ! –
Toute étoile s’éteint sous les sombres nuages. –
Mais, ô Vierge Marie, astre aimé du marin,
De ton cœur maternel un rayon, flamme sainte,
Soutiendra leur courage et calmera leur crainte –
Lorsqu’ils imploreront ton pouvoir souverain,
Bonne Vierge Marie, étoile du marin !
Mme Julie FERTIAULT.
Recueilli dans la Tribune lyrique populaire en 1861.