Les chrétiens à leurs persécuteurs
Parce que, jusqu’ici, nous avons tout souffert,
Essuyé le mépris et supporté l’outrage,
Enduré tous les coups que vous dictait la rage,
Et plié, résignés, sous votre joug de fer,
Ressentant dans vos cœurs l’orgueil de Lucifer,
Croyant qu’en nous la foi, l’amour et le courage
Ont à jamais sombré sous ce haineux orage,
Vous entonnez un chant inspiré par l’enfer.
Votre triomphe est vain. L’espérance suprême
Brille toujours au fond de notre âme, et quand même,
Lâches adorateurs de l’immonde Veau d’Or,
Vous broieriez sous vos pieds notre front dans la poudre,
Nous resterions chrétiens, car nous aurions encor
Pour soutien la prière, et pour vengeur la Foudre.
A. FINK AÎNÉ.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.