La messe des sœurs
C’est la nuit d’hiver
qui n’ose se faire aube.
Soudain, dans le silence, un martèlement dru
comme sur de la tôle
entre et frappe sur ton repos.
Quelle étrange petite cloche !
À quelle arantelle de songe
t’a-t-elle arrachée ?
Déjà debout, humble, tu te hâtes,
ton beau visage triste
encadré dans le châle à jour.
Où vas-tu, chère, dans les ténèbres,
me laissant au pouvoir d’une autre obscurité ?
Ah, mais à la petite ruche déjà vide.
Les abeilles de la Miséricorde,
sont elles, butinant de mystiques douceurs,
inclinées sur les bancs de la chapelle
bourdonnant de prières.
Je reste seul avec la nuit,
sur le lit hérissé d’épines.
Mais voici que là-bas sur l’autel
descend pour le sublime Sacrifice
Celui qui porte une couronne
de bien autres épines !
Parmi les Sœurs, je te vois à genoux,
tu pries, toi, je l’entends,
pour ton malade.
Un imprévu message d’espérance
brille comme un éclair dans ma cellule noire.
Lionello FIUMI, Hôpital de Scicli, décembre 1958.
Recueilli dans Lionello Fiumi,
par Roger Clerici,
Seghers, 1962.