Un soir
La fanfare des cors rend son âme légère,
Et le soir se recueille en l’église des bois ;
Car au ciel qui se fane, à d’invisibles doigts,
Tremble l’hostie lunaire.
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– Seigneur, dieu du Silence auguste et de la Nuit,
Sanctifiez les fleurs qui meurent embaumées,
Et les vieilles maisons, expirantes aussi,
Qui râlent leurs fumées.
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Seigneur, acceptez l’âme humide de sanglots
Des grands parcs éplorés et des forêts d’automne ;
Seigneur, bénissez la louange monotone
Qui monte des jets d’eau.
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S’il est, par ce beau soir, une humble destinée
Qu’il vous faille choisir pour en orner les cieux,
Au moins qu’indolemment la mort lui soit donnée,
En souffle sur les yeux ;
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Que son cœur ait la paix de l’abside fermée
Qui vous priait encor tantôt, depuis mille ans ;
Et que le sol lui soit moins lourd que les buées
Que voici sur les champs.
Fernand FLEURET, Friperies.
Recueilli dans Anthologie critique des poètes normands de 1900 à 1920,
poèmes choisis, introduction, notices et analyses par
Charles-Théophile FÉRET, Raymond POSTAL et divers auteurs,
Paris, Librairie Garnier Frères, 1920.