Tant de genoux...
Tant de genoux, tant de genoux
qui polirent tant de pierres ;
tant de prières, tant de prières
qui s’envolèrent de partout...
Tant de clochers, tant de clochers
qui montent à l’assaut du ciel ;
tant et tant de rêves couchés,
paisibles sous leurs croix de pierre,
tant de rêve, tant de prières,
tant d’espérance aux pauvres cœurs...
Tant et tant de vies consumées,
tant de génies et tant de preux,
Rudel et sa bien-aimée,
Damien et ses lépreux...
Tant d’enthousiasme qui flamboie,
d’inaccessibles vérités...
Le Petit Pauvre dans sa joie,
Saint Vincent dans sa charité...
Et tous les autres, tous les autres,
tous les artistes,
les apôtres
dont les souffrances triomphantes
ne peuvent naître d’un hasard :
Pascal, Dante,
Michel-Ange, Mozart...
Et ce seul petit mot : adieu,
ce mot qui dit « non » à la mort...
Tant d’amour et tant de remords,
tant de rêve et tant de prières,
tant de genoux sur tant de pierres,
Tout chante qu’il existe :
Dieu.
Raoul FOLLEREAU, Si le Christ demain frappait à votre porte, 1954.