Tels de blancs horizons...
« ... possesseurs conscients
Du vertige sacré... »
G.-Y.-S.-F.-G.
Têtes dont les cheveux s’en sont allés lier
Les féeriques saisons et leur mélancolie,
Dites, quels soirs d’airain se sont multipliés
Pour verglacer ainsi vos surfaces polies ?
Tels une pente vive où jaillit le soleil,
Ô marbres sillonnés du sang bleu de vos fièvres,
Vous portez sans effroi l’universel réveil
Qui sur l’ivre douleur fait s’étrangler vos lèvres.
Vos fronts sont les voiliers de ce rêve attisé
Qui coule dans vos yeux qu’un oiseau voudrait boire...
Ils sont de la beauté l’étincelant ciboire
Où mon âme à genoux incruste son baiser !
Émaciés, penchés de pâleurs maladives,
Ils se perdent et fuient tels de blancs horizons
Portant le poids divin des nuits contemplatives...
Ils sont de l’infini les brillantes cloisons !
Fronts géants dénués de vos cheveux nomades
Qui sont allés grossir les torsades des vents,
J’ai toujours peur qu’un coup des burlesques parades
Ensanglante soudain vos cerveaux transparents.
Quand l’alerte du soir transit la campanule
Et fond sur votre tempe un glacial tourment,
L’encens chargé de lune aura dévotement
Pour vous envelopper des silences de tulle.
Votre nacre serait le brillant parchemin
Où je déroulerais un immortel poème :
Les étoiles sauraient pourquoi vous êtes blêmes,
Elles qui voient pleurer vos cœurs sur le chemin...
Tremblants lierres noués, mes mains veulent vous ceindre
Pour prendre en leur blancheur toute l’éternité...
Comme un bouquet qui chante aux doigts chauds de l’été !
Car c’est le front de Dieu que je croirais étreindre !...
Marie-Anna FORTIN,
Bleu poudre, 1939.