Hymne à la croix
VEXILLA REGIS PRODEUNT
L’étendard du Roi est levé,
la croix rayonne en son mystère
sur laquelle le Créateur de l’homme, en sa chair,
a été suspendu au gibet.
Les bras liés et les mains clouées,
la fourche fixée au poteau,
il dessine le signe de la rédemption
et la clémence se fait victime.
C’est là qu’il fut blessé
par le fer cruel de la lance,
et, pour nous laver de nos péchés,
qu’il répandit l’eau et le sang.
Voilà accomplie la prophétie de David
chantée avec tant de vérité
quand il prédit aux nations :
Dieu a régné par le bois.
Arbre précieux, arbre sanglant
orné de la pourpre royale,
ton bois choisi a mérité
de porter des membres très saints.
Bienheureux es-tu car à tes bras
fut suspendu le rachat du monde ;
devenu balance du corps divin,
tu arraches sa proie à l’enfer.
De ton écorce émanent des parfums
plus suaves que le nectar ;
fiers de ton fruit généreux,
applaudissons à l’auguste triomphe.
Salut, autel, salut, victime
de la glorieuse passion
où la Vie a souffert la mort
et, par sa mort, nous rend la vie.
Salut, ô croix, seule espérance ;
durant ce temps de la Passion,
aux justes donne plus de grâces,
aux pécheurs remets leurs fautes.
Ô Trinité, source de salut,
que tout esprit te glorifie.
Ceux que tu as rachetés
par le mystère de la croix,
réconforte-les à jamais.
Venance FORTUNAT.
Recueilli dans Hymnes au Christ
d’avant l’an mille, Médiaspaul, 1982.