Du coteau qu’illumine l’or tremblant des genêts...

 

 

 

Du coteau qu’illumine l’or tremblant des genêts, j’ai vu jusqu’au lointain le bercement du monde, j’ai vu ce peu de terre infiniment rythmée me donner le vertige des distances profondes.

 

L’azur moulait les monts. Leurs pentes alanguies s’animaient sous le vent du lent frisson des mers. J’ai vu, mêlant leurs lignes, les vallons rebondis trembler jusqu’au lointain de la fièvre de l’air.

 

Là, le bondissement, au penchant du coteau, des terres labourées où les sillons se tendent, courbes comme des arcs où pointent les moissons, avant de s’élancer vers le ciel dans l’air tendre.

 

Là se creuse un vallon, sous des prés en damier, que blesse en un repli la flèche d’un clocher ; ici, des roches rouges aux arêtes brillantes se gonflent d’argent pur où croule une eau fumante.

 

Plus loin encore s’étage une contrée plus belle, où luisent des pommiers près de leur ombre ronde. Là, dans un creux huileux de calme, le soleil, où vit une prairie, fait battre une émeraude.

 

Et je voyais des terres, des terres encore plus loin, en marche vers le ciel et qui semblaient plus pures ; l’une où tremblait le fard gris-perle des lointains ; les autres, au bord du ciel, étaient déjà l’azur,

 

Je restai jusqu’au soir à contempler cette œuvre, à suivre l’ondulation de cette mer, et je sentais très doucement faiblir mon cœur au bercement sans fin des vagues de la terre.

 

Comme un bouillonnement de vagues déchaînées, devant moi jusqu’aux grèves en feu du soleil, je vis vallons et monts, nuages et ciel d’été remonter l’infini des clartés et s’y perdre.

 

Je me tenais debout entre les genêts d’or, dans le soir où Dieu jette un grand cri de lumière... et je levais tremblant la palme de mon corps vers cette grande Voix qui rythme l’Univers.

 

 

Paul FORT.

 

 

 

 

 

 

 

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