Les étendards
Les étendards du roi s’avancent
et crient les secrets de la croix
où la vie a subi la mort
et donné la vie par sa mort.
Le fer de lance y a ouvert
avec sauvagerie le cœur
d’où l’eau et le sang s’écoulèrent
pour nous laver du sang des crimes.
Alors s’est trouvé vrai le chant
que David avait inventé
quand il avait prédit aux gens
qu’un Dieu régnerait par des planches.
Arbre, ta beauté lumineuse
parée de la pourpre du roi
a été choisie pour porter
dans ses branches les bras du dieu.
Heureuse ramure où pendit
un corps qui vaut tout l’univers,
balance où fut pesée la proie
dont les enfers sont dessaisis.
FORTUNAT.
Recueilli dans Dieu en poésie,
Présentation de Jean Grosjean,
Gallimard, Folio junior, 1984.