Révélation

 

 

Je ne peux résorber tout ce qui crie en moi.

Depuis le grand matin je vous parle sans cesse.

Seule, je n’ai prié que pour vous à la messe.

Près du Christ immolé brûle encor mon émoi.

 

Ce qui fait que mon âme est si vaste et si pleine,

Je voudrais vous le dire avant la fin du jour.

Permettez-moi de vous l’écrire sans détours,

L’ai mille et mille fois souffert, chère Âme mienne !

 

Il n’est rien que mon cœur n’oserait s’imposer

Pour s’emparer de tout ce que le vôtre endure.

Il s’envole en éclats dans vos mains se poser,

Sentirez-vous enfin qu’il s’ouvre sans mesure ?

 

Prêtez-lui du secours, ce grand désordonné,

Il voudrait tout vous dire et n’a pas de langage.

Pardonnez ses écarts, son secret surmenage

Qu’il tient du soir d’hiver qui l’avait façonné.

 

Votre âme où Dieu me fait respirer sa lumière,

Je ne la soutiens pas à l’œil nu d’un cœur fort.

Mourir en l’emportant serait un cher effort !

Si vite on oubliera que j’ai quitté la terre !...

 

Les matins et les soirs en sont les grands témoins :

Pour vous s’usaient sans cesse et ma vie et ma peine. –

Je m’y perds... jusqu’à croire en resserrant ma chaîne

Que vous m’aimeriez mieux, si je vous aimais moins ! –

 

 

 

Marie-Anna FORTIN,

Bleu poudre, 1939.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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