Salve, Festa Dies...
Salut, jour de fête, jour d’éternelle vénération, dans lequel Dieu a vaincu l’enfer et conquis les astres. Voici que la grâce du monde renaissant annonce le retour du Seigneur et des joies qui sont son œuvre. La saison resplendit, les fleurs sont riantes et variées, et la porte du ciel s’ouvre aux majeures lumières... Les douces violettes font dans les vals des taches de pourpre, l’herbe des prés verdoie, chevelure éclatante de la terre, et l’on voit surgir les yeux étoilés des fleurs, floraisons de sourires à chaque brin de gazon. Le triomphant Christ revenu des tristes enfers, les frondaisons et les épanouissements le saluent... Le crucifié sur toutes les choses règne en Dieu et toutes les créatures au créateur disent leur prière... La foi promise, rends-la moi, je t’en supplie, ô noble puissance : voici le tierce jour, surgis, ô mon enseveli... Dépouille, je t’en supplie ton linceul, laisse dans le sépulcre ton suaire : avec toi nous avons tout et sans toi rien n’est plus !...
FORTUNAT.
Traduit du latin par Rémy de Gourmont,
dans Le latin mystique, Mercure de France.