Les épines

 

 

                                        À Mme Madeleine Lemoine.

 

IL est ici plus d’un martyre

Comme il est sur la même lyre

Plus d’une corde et plus d’un son :

Ceux qui, pour la tête divine,

Ont fait la couronne d’épine,

En ont laissé dans le buisson.

 

Caïn en secret, les ramasse,

Puis dans la nuit les entrelace

Pour en ceindre le front d’Abel,

Afin d’arrêter la prière

Qui s’en va du cœur de son frère,

Pure et joyeuse à l’Éternel.

 

Pourtant, lorsque revient l’aurore,

Tout comme avant, on peut encore

Entendre monter vers les cieux

Une voix des anges chérie,

C’est Abel, qui pour Caïn prie

Avec des larmes dans les yeux.

 

 

 

Jenny FRIAS-DESJARDINS, mai 1897.

 

Paru dans La Sylphide en 1901.

 

 

 

 

 

 

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