Ô Sainteté
Ô Sainteté de sainteté, génération souverainement pure, Sagesse de sagesse, Vérité de vérité, pacte d’éternel amour; c’est en aimant que Vous créez, et C’est de trop aimer que souffrent vos créatures. Vous êtes là, gémissant, Vous proposant toujours aux ivresses de notre âme, tandis que nous passons comme d’infidèles amis, les yeux perdus dans le vague des jours...
Mais hélas! Ô Christ, si indéniablement crucifié par nous, permettez à vos tortionnaires, soudainement éclairés par l’incendie de votre amour, de venir Vous offrir toutes les puissances brisées de leur crime. Voici nos mains tremblantes que nous Vous livrons pour soulager quelque peu les chères vôtres accrochées aux implacables clous de la Croix.
Voici aussi nos pieds qui consentent à fuir à jamais les maudites voies, afin que soient délivrés les deux mobiles de votre mouvement de vie, et que Vous puissiez escalader le Ciel pour y conduire de nouveau le char du soleil joyeux qui Vous attend dans la couronne du firmament. Voici enfin nos baisers, ô mon Dieu, venant des êtres si fragiles que nous sommes, de ceux qui voudraient se blottir frileusement entre vos bras, tandis que, en bas, les furies et les dragons poursuivent sans répit les pauvres âmes aveuglées ou solitaires, imprudentes et sans force, qui somnolent sur le chemin enchanté que couvrent les fleurs des mancenilliers, ô mon Christ, ma Joie, ma Douleur adorée.
Dynam-Victor FUMET
Extrait de Notre sœur la douleur, Seuil.