Maman

 

                                                                 À ma Mère.

 

Ma mère ! ce seul mot rend ma muse interdite :

J’en souffre et la supplie, hélas ! mais c’est en vain,

Car à son nom béni cette ingrate m’évite ;

Mère, pour te fêter il faut un chant divin !

 

Si des anges de Dieu je possédais la lyre,

La voix harmonieuse aux purs et doux accents,

L’éloquence divine, alors je pourrais dire

Qu’il n’est point de limite à l’amour que je sens ;

 

Que mon cœur t’appartient, que je t’aime et t’admire,

Que je vis de ta vie et languis loin de toi,

Que lorsque tu t’en vas, ma lèvre est sans sourire,

Que la nature pleure et soupire avec moi.

 

Mais lorsque tu reviens, je renais à la vie,

Le ciel redevient bleu, le soleil plus brillant ;

Retrouvant son parfum la fleur s’ouvre ravie,

Et l’oiseau dans les airs s’élève en gazouillant.

 

Pour te dire quelle est l’ardeur de ma tendresse,

Je n’ai que ce que Dieu donne an petit enfant,

Je n’ai que mon regard, mon baiser, ma caresse,

Je n’ai que ce mot simple et qui touche : « Maman ! »

 

 

 

Jeanne GAIGNIÈRE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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