Noël
Vieux mendiants qui passez
Dans les sentiers blancs de neige,
Et que la douleur assiège,
Secouez vos pieds glacés
Et pressez-vous en cortège.
Petits enfants orphelins,
À la tête rose et blonde,
Sans souci du vent qui gronde,
Qui gronde par les chemins,
Venez, doux anges du monde.
Vous qui pleurez bien des fois,
Vous qui souffrez sur la terre,
Doux martyrs de la misère!
Venez, – le cœur et la voix
Pleins de chants et de prière. –
Sous un toit abandonné,
Dans une pauvre demeure
Où la bise souffle et pleure,
Le petit Jésus est né;
Du salut a sonné l’heure.
Approchez. – Ne craignez pas
Une majesté divine ;
Dans une étable en ruine
L’enfant-dieu vous tend les bras,
À vous, dont le front s’incline.
Il trouve mieux devant lui,
À genoux près de sa crèche,
Un enfant à la voix fraîche,
Un pauvre au front sans ennui,
Qu’un puissant à l’âme sèche.
Les pauvres sont ses enfants,
Il les accueille et les aime,
Car ils sont d’autres lui-même ;
Pour eux il a des présents
Qu’en leur âme sa main sème.
En silence, adorez tous
Cet enfant presque sans langes,
Et pour qui les chœurs des anges
Gardent les chants les plus doux
De leurs célestes phalanges.
22 décembre 1855.
Louis GALLET,
Gioventù, 1857.