Pour les orphelins
À mes petits amis Maurice,
Raoul et Marcelle.
Enfants, l’hiver est triste aux pauvres orphelins
Tout seuls sur cette terre,
Qui n’ont plus, comme vous, pour réchauffer leurs mains
De douces mains de mère.
Hélas ! pour eux, l’été devrait durer toujours ;
Car l’été, c’est la joie,
L’été, c’est le soleil, le ciel bleu, les beaux jours
Que le ciel leur envoie.
Mais, l’hiver, ils ont froid, ils n’ont plus de rayons
Pour caresser leurs têtes,
Et marchent tout tremblants sous de hideux haillons,
Les lèvres violettes.
Ils n’ont plus sous le ciel de place pour dormir,
Ils ont bien faim, – ils pleurent,
Et, quand nul bras ami ne vient les soutenir,
Ces pauvres anges meurent. –
– Vous, mes doux chérubins, qui vivez, sans avoir
L’ombre d’une souffrance
Et qui, dans vos lits blancs, doucement, chaque soir,
Dormez pleins d’innocence,
Avant de clore au jour vos yeux appesantis
Faites une prière,
Implorez le Seigneur pour ces pauvres petits,
Pour ces enfants sans mère.
Pour qu’ils puissent dormir, chaque soir, comme vous,
Dans une blanche couche,
Et sentir une lèvre avec des baisers doux
Se presser sur leur bouche.
Et que, pour remplacer la mère qu’ils n’ont pas
Ils en trouvent une autre,
Qui soit aimante et qui veille sur tous leurs pas,
Enfants, comme la vôtre !
23 novembre 1854.
Louis GALLET,
Gioventù, poésies,
1857.