Notre passage

 

 

La terre qui se meut en un espace immense

S’incline sur son axe, en parcourant les cieux ;

Sa course sans arrêt s’accomplit en silence,

Sous l’ombre de la nuit, sous le jour radieux.

Le Dieu qui la créa l’a lancée et la guide,

Le sol tournoie et fuit en soutenant nos pas ;

Nous voguons dans les airs, suspendus sur le vide,

                 Et souvent nous n’y pensons pas.

 

Mais les feux du couchant, les lueurs de l’aurore

Nous rappellent parfois le vaste mouvement

Offrant notre hémisphère au soleil qui le dore,

Puis aux astres, brillant la nuit au firmament.

Alors, dans le matin réveillant la nature

Et dans l’heure où s’étend la grande ombre du soir,

De la vie, ici-bas, nous voyons la figure,

                 Sa brièveté, son espoir.

 

Les saisons à nos cœurs offrent une autre image ;

Quelle grave éloquence en leur rapide vol !

Le printemps plein de fleurs, c’est bien notre jeune âge ;

La force de nos ans, l’été dorant le sol.

L’automne qui jaunit et fait tomber la feuille,

Ah ! c’est notre âge mûr, le déclin de nos jours ;

L’hiver est la saison où l’âme se recueille,

                 En allant vers Dieu pour toujours...

 

 

 

Élisabeth-Sophie GALLOT.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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