Un soir, dans une église.....
Lorsqu’ici-bas on vous fête,
Douce Vierge, vous aimez
Cette foule qui s’arrête
À vos autels parfumés ;
Vous aimez le feu des cierges,
Au fond du temple éclatant,
Et le chaste chœur des vierges
Qui défilent en chantant.
Vous aimez le vieux lévite
Qui, dans sa chasuble d’or,
Sur le livre saint récite
Des mots et des mots encor,
Tandis qu’avec lui s’avancent
Vêtus de pourpre et de lin
Des enfants blonds qui balancent
Un encensoir dans leur main.
Vous aimez les fleurs jetées
Dont les chemins sont couverts
Et les cloches agitées
Vibrant gaîment dans les airs,
Et les orgues frémissantes,
Qui, sous d’invisibles doigts,
Mêlent leurs notes puissantes
Au frémissement des voix.
Mais ce qui plaît davantage
À votre cœur tendre et doux
C’est le simple et pur hommage
D’un cœur qui se donne à vous,
Prenez donc le mien, ô mère,
Et sur lui, du haut du ciel,
Que, dans cette vie amère
S’ouvre votre œil maternel.
14 août 1855.
Louis GALLET,
Gioventù, poésies,
1857.