Les rois mages
Dans le désert, la caravane.
Poussière, poussière. La nuit
recouvre toute palmeraie.
Les rois s’en vont vers une étoile.
Princes de toutes les couleurs,
ne redoutez pas les simouns.
Écoutez votre cœur limpide
vous parviendrez jusqu’à l’étable.
La bise redouble de fers,
de fouets, de poignards, de garrots.
Les sables comme des mers folles
anéantissent l’horizon.
Vous marcherez, rois blancs et noirs,
frères de toutes les partances,
frères de toutes les douleurs,
vers cette étoile de là-bas.
Elle veille sur le berceau
sur la graine, sur la promesse,
sur le lis, l’iris, la pervenche,
sur le fruit qui dort dans mes bras.
Frères des myrrhes, rois des dunes,
compagnons des pistes perdues
soyez heureux, la nuit s’efface,
l’étoile tremble sur l’enfant.
Pierre GAMARRA, La poésie comme elle s'écrit,
Éditions Ouvrières, 1979.