La veillée
Dans l’âtre, au coin du feu, sur l’escabeau de bois
Viens reprendre, exilé, la place d’autrefois...
Un Christ, des chandeliers, une rose fanée
Parent le noir manteau de l’humble cheminée.
Le fusil d’un aïeul pend à son clou rouillé.
Dehors, il vente, il pleut et le passant mouillé,
L’enfant rieur, le bon voisin, la fille accorte
Entrent, ayant heurté le marteau de la porte.
Affable, le vieillard bavarde en tisonnant.
Dans la nuit le vent clame ainsi qu’un revenant.
Un volet bat, un chien aboie, une ombre rôde.
Le chat s’est endormi dans la cendre encor chaude.
Auguste-Pierre GARNIER.
Recueilli dans Anthologie critique des poètes normands de 1900 à 1920,
poèmes choisis, introduction, notices et analyses par
Charles-Théophile FÉRET, Raymond POSTAL et divers auteurs,
Paris, Librairie Garnier Frères, 1920.