Les suppliantes
(Fragment.)
L’Éternel après tout nous gouverne..... peut-être.
Il n’a du moins, je crois, ni directeur, ni maître.
Abaissez-vous, géants ! Monarques, à genoux !
Devant le Seul-Puissant, potentats, courbez-vous !
Il lui sied, abattant la vanité dés hommes,
Nous faisant voir à tous le néant que nous sommes,
D’incliner son oreille au soupir des petits,
D’écouter, Lui si grand, le murmure des nids.
Il a de nous pitié. Toutes nos défaillances
Sur le chemin des cieux rencontrent ses clémences ;
Sa parole est Amen. Les mondes crouleraient,
Nous serons exaucés. Les cieux s’effondreraient,
Il ne peut nous tromper.
Croyants, prenons courage !
Encor quelques élans. Nous possédons le gage.
Repoussés, persistons ; refusés, supplions :
L’Univers est à nous, les petits, qui prions.
Valérie de GASPARIN.
Paru dans L’Année des poètes en 1890.