Le disciple

 

 

Vous parlez de plaisirs dont je n’ai point l’envie

Je sens que dans mon cœur bat l’amour de mon Maître

Vous connaissez le tendre et moi le noble amour

        Moi je vis pour mon noble Maître.

 

Mieux qu’à tous les travaux prescrits dans vos jurandes

Mon adresse se plie au travail de mon Maître

Et j’en reçois l’honneur car mon Maître est aimable

        Moi je sers un aimable Maître.

 

Je sais qu’en des pays obscurs conduit la route

Où beaucoup ont péri ; pourtant avec mon Maître

Je défie les dangers : il est sage mon Maître,

        Moi j’ai foi dans un Maître sage.

 

Et dût-il me priver de toute récompense

Ma récompense est dans les regards de mon Maître

Il en est de plus riches : mon Maître est le plus grand,

        J’obéis au plus grand des Maîtres.

 

 

 

Stefan GEORGE, Le tapis de la vie.

 

Traduit de l’allemand par Maurice Boucher.

 

Recueilli dans Stefan George, choix de poèmes,

première période 1890-1900,

traduit, préfacé et commenté

par Maurice Boucher, Aubier, 1941.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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