Il n’est, pour l’innocent...

 

 

Il n’est, pour l’Innocent, que trois airs au village

Et c’est eux qu’il entend toujours quand il s’approche :

L’un semble s’exhaler du tombeau des ancêtres

Qui, mourant, se sont mis sous la garde de Dieu.

 

Le second a l’accent sacré des vertus saintes,

Voix des sœurs, au rouet assises et filant,

Ou chanson des servantes allant en long cortège

Jadis par les chemins où descendait le soir.

 

Le troisième menace, parle faute et vengeance

Poignard ancien vêtu d’une gaine bleu ciel,

Au sein de maints foyers souffrance héréditaire

Au faite de maints toits astres de mauvais sort.

 

 

 

Stefan GEORGE, L’année de l’âme.

 

Traduit de l’allemand par Maurice Boucher.

 

Recueilli dans Stefan George, choix de poèmes,

première période 1890-1900,

traduit, préfacé et commenté

par Maurice Boucher, Aubier, 1941.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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