Moulin, que tes bras s’arrêtent

 

 

Moulin, que tes bras s’arrêtent

La plaine voudrait reposer

Les lacs attendent le dégel

Veillés par des javelots clairs

Les arbres nains, raides, se figent

Tels des genêts peints à la chaux.

 

Blanches enfants doucement glissent

Au miroir terni des étangs

Revenant de la Table Sainte

Au logis rustique en priant tout bas

Portant l’une un Dieu lointain de ses dogmes

Et l’autre un Ami longtemps imploré.

 

Est-ce un sifflement qui rase le sol ?

Les lampes partout ont tremblé craintives

N’aurait-on pas cru entendre un appel ?

Ils ont accueilli chacun son épouse

Les sombres enfants qu’abrite l’abîme

        Sonnez cloches ! Cloches sonnez !

 

 

 

Stefan GEORGE, Hymnes.

 

Traduit de l’allemand par Maurice Boucher.

 

Recueilli dans Stefan George, choix de poèmes,

première période 1890-1900,

traduit, préfacé et commenté

par Maurice Boucher, Aubier, 1941.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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