Croix de bois
Pour Jean Paisse.
Il est des croix de bois si grandes
Par les chemins de mon pays,
D’immenses croix de bois, si grandes,
Avec des bondieux tout petits.
Et les petits bondieux de cuivre
Par les hivers tout dédorés,
Claquent au vent et semblent vivre
Sur le bois des vers dévoré.
Souvent par une main ils pendent
Au seul clou qu’épargna le temps –
Et les bras de la croix se tendent
Toujours au loin, immensément.
J’admire dans ces croix trop grandes
La naïve main qui les fit :
La croix, la douleur, est si grande,
L’homme, le souffrant, si petit !
Paul GÉRARDY.
Recueilli dans La poésie francophone
de Belgique 1804-1884,
par Liliane Wouters et Alain Bosquet,
Éditions Traces, 1985.